A la fin du 16ème siècle apparaissent presque en même temps trois genres lyriques (destinés au chant) : l’oratorio, la cantate et l’opéra. Sans entrer dans les détails, nous dirons que ce dernier se différencie de l’oratorio et de la cantate par sa mise en scène.
Il s’agit donc d’une pièce de théâtre dont les dialogues sont remplacés par des chants. Cependant, durant ces chants l’action avance peu, on utilise donc des récitatifs (chants qui se rapprochent de la voix parlée) pour faire évoluer l’histoire.
L’objectif étant donc de raconter une histoire, chaque personnage va tenir un discours individuel, ce qui est difficilement compatible avec l’écriture en contrepoint (superposition harmonieuse de plusieurs mélodies distinctes) en vogue à l’époque. Le formidable essor de l’opéra va donc favoriser le développement d’une autre forme d’écriture : la mélodie accompagnée. Voici une petite vidéo qui explique avec des exemples : https://www.youtube.com/watch?v=c33B4mokZiA
L’opéra apparait en Italie (premier opéra « Dafné » écrit par Jacopo Peri en 1597) à la fin de la Renaissance et marque le début du Baroque. Son développement à l’échelle européenne est très rapide : en quelques années, Londres, Vienne, Paris deviennent des centres de création d’opéras. Les compositeurs italiens sont demandés par de nombreuses cours. Lully (d’origine italienne) est nommé surintendant de la musique par Louis XIV en 1661.
L’inspiration première de l’opéra est bien sûr l’antiquité. Mais un peu à la fois, les compositeurs aborderont de plus en plus des thèmes populaires. Pendant longtemps, on considèrera que l’italien est la langue la plus naturelle à l’opéra. Mais les écoles nationales auront raison de ce précepte et on chantera bientôt en français, en anglais ou en allemand.
Bien que de grands compositeurs de tous les pays s’approprient le genre (Henry Purcell en Angleterre, Lully et Charpentier en France, Haendel et Gluck en Allemagne), celui-ci sera particulièrement développé en Italie où la musique vocale surpasse toutes les autres. La domination italienne dans ce domaine sera écrasante jusqu’à l’arrivée de celui qui va illuminer le genre par son génie incomparable : Wolfgang Mozart.
La flûte enchantée (die Zauberflöte) est l’avant dernier opéra de Mozart. Écrit en 1791 (cela fait presque 200 ans que le genre existe), il contient de nombreux airs connus, comme celui de « la Reine de la nuit… », chanté par une soprano « colorature » (virtuose).
La reine de la nuit demande au Prince Tamino de délivrer sa fille Pamina, prisonnière de Sarastro. Et comme le Prince est amoureux de Pamina, elle lui promet de lui donner pour femme s’il la ramène. Il part donc à sa recherche et apprend que Sarastro n’est pas le monstre que lui a décrit la Reine de la nuit. Lorsqu’il retrouve la Princesse Tamina, ils décident de vivre ensemble auprès de Sarastro dans le temple de la lumière. Mais lorsque la Reine de la nuit apprend la nouvelle, elle donne un poignard à sa fille et lui ordonne de tuer Sarastro. Pamina n’accède pas à la demande de sa mère et après bien des épreuves, les amoureux peuvent vivre auprès de Sarastro. La méchante reine de la nuit disparait dans les ténèbres.
Une écoute : La Reine de la nuit
https://www.youtube.com/watch?v=zkDBRbtJguE
Objectifs de connaissances :
L’opéra est né en Italie au début du 17ème siècle. Il s’est rapidement diffusé partout en Europe. Un opéra est comme une pièce de théâtre, il raconte une histoire, mais les dialogues sont remplacés par des chants. Les chanteurs sont accompagnés par un orchestre.
Un opéra est aussi une salle dans laquelle sont joués les opéras.
Compétences cycle 1 :
Parler d’un extrait musical et exprimer son ressenti ou sa compréhension en utilisant un vocabulaire adapté.
Compétences cycle 2 :
Exprimer sa sensibilité et exercer son esprit critique tout en respectant les gouts et les points de vue de chacun.
Connaitre et mettre en œuvre les conditions d’une écoute attentive et précise.
Compétences cycle 3 :
Développer sa sensibilité, son esprit critique et s’enrichir de la diversité des goûts personnels et des esthétiques.
Cycle 1 : Qu’on utilise la vidéo ou non, on demandera aux élèves après la première écoute de s’exprimer sur les intentions de la reine. L’enseignant(e) écoutera les propositions avec bienveillance et relèvera les propositions : « Elle est en colère », « Elle est méchante », « Elle crie », « Elle dispute »…
Dans la salle de motricité, on fera alors évoluer les élèves sur la musique en leur donnant pour consigne de se déplacer comme si « on était la reine ».
Puis on leur demandera de s’arrêter au signal devant un camarade, de faire un geste « comme la reine » et de regarder ensuite le camarade faire le sien (écoute de l’autre).
A partir de quelques gestes mis bout à bout, on peut alors construire une petite chorégraphie à trois ou quatre.
Cycle 2 et 3 : La première écoute se fait sans montrer la vidéo. Après cette première écoute, on pose la question : « Qu’avez-vous envie de dire sur ce que vous venez d’entendre ? »
On note au tableau l’ensemble des remarques, on débat sur leur validité. L’enseignant prend soin de ne pas diriger les échanges. Il doit juste être l’animateur et le garant du bon fonctionnement de ceux-ci. Il invite à justifier les remarques, à argumenter une affirmation (cycle 3). Des contradictions peuvent apparaître, il est alors intéressant de les mettre en évidence.
Les élèves auront sans doute remarqué que c’est une femme qui chante, dans une langue étrangère (l’allemand). Sa voix est très aigüe. L’enseignant demande ce qu’elle peut bien dire.
Les propositions des élèves sont accueillies avec bienveillance, mais doivent être justifiées.
Avant de lancer la vidéo, on explique que le compositeur, W. Mozart a composé ce chant pour exprimer la colère. C’est donc la musique qu’il a imaginé pour exprimer ce sentiment, mais si on a imaginé autre chose, cela ne veut pas dire qu’on n’a rien compris, mais qu’on l’a ressenti autrement, avec sa propre sensibilité.
Lors de la deuxième écoute, on diffuse la vidéo. Le sous-titrage permet aux plus grands de bien saisir les propos de la reine : elle ordonne à sa fille de tuer Sarastro avec un poignard sous peine de la renier !
Il est intéressant alors de parler de la mise en scène des costumes, décors et lumières : plateau qui se soulève pour rendre la reine plus grande, plus terrifiante. Son costume bleu sombre comme la nuit, ses mains bleues, sa couronne avec des cornes vont dans le même sens : c’est un personnage effroyable. La lumière verte sur la fille souligne l’état de peur et de désarroi dans lequel celle-ci se trouve.
L’enseignant peut alors raconter l’histoire de cet opéra (cf ci-dessus) et proposer une dernière écoute.
On peut enfin demander de dessiner la scène…
Pour aller plus loin :
Orféo de Claudio Monteverdi : Tu sei morta
Claudio Monteverdi est sans conteste le premier grand compositeur d’opéras. Son œuvre la plus connue est « l’Orfeo » ou « Orphée, fable en musique » (1607). Le livret est basé sur le mythe d’Orphée et Eurydice dans lequel le poète et musicien Orphée pénètre aux enfers armé de sa lyre afin de délivrer son épouse Eurydice dont il est éperdument amoureux.
Voici le moment (de 34’35’’ à 37’01’’) où Orphée apprend la mort d’Eurydice… Il décide alors d’aller la chercher en entrant aux enfers :
https://www.youtube.com/watch?v=pYUGVnfwDcE
Les noces de Figaro de Mozart : Contessa, perdono
Autre extrait d’un opéra de Mozart, « Contessa, perdono », moment d’intense émotion. Notons que l’œuvre écrite juste avant la Révolution française à partir de la pièce de Beaumarchais « Le mariage de Figaro » a failli être censurée un peu partout en Europe, accusée d’attiser les ressentiments du peuple envers les nobles.
Figaro, un serviteur vient de jouer un mauvais tour au comte en mettant sa mauvaise foi au grand jour. Celui-ci présente ses excuses à son épouse…
https://www.youtube.com/watch?v=OL-csyNM4B8
Nabucco de Verdi : Va pensiero (chœur des esclaves)
Verdi, écrit « Nabucco » en 1842 alors qu’une partie de l’Italie est sous domination autrichienne. Il s’agit d’un hymne à l’indépendance, avec le chœur des esclaves comme point culminant.
En 2011, Ricardo Muti dirige une représentation devant Silvio Berlusconi, président du conseil de l’époque qui multiplie les coupes budgétaires dans le domaine de la culture. A la fin de Va pensiero, il adresse un message d’alerte au public concernant ces décisions politiques et accepte de livrer un bis (ce qui ne se fait jamais) en invitant le public à chanter avec le chœur… A regarder jusqu’au bout !
https://www.youtube.com/watch?v=xRi4_ne0VYM
La Walkyrie de Richard Wagner : La chevauchée des Walkyries
L’opéra continuera à évoluer jusqu’à nos jours mais atteint sans doute son apogée avec Richard Wagner à la fin du XIXème siècle.
Celui-ci a composé quatorze opéras dont quatre font partie de l’anneau de Nibelung (cycle inspiré de la mythologie germanique). La Walkyrie est le deuxième volet de l’anneau.
Brünnhilde (personnage central de l’Anneau) est une walkyrie (guerrière mythique immortelle) envoyée par son père Wotan pour punir Siegmund, son demi-frère, coupable d’inceste avec sa sœur Sieglinde. Mais elle désobéit à son père et protège Siegmund, Wotan la punit en la plongeant dans un profond sommeil et en la privant de sa divinité.
Dans cet extrait, les Walkyries, vierges guerrières, ramènent les corps des héros défunts au Walhalla, la demeure des Dieux, au cours d’une chevauchée furieuse.