Trouvères et troubadours dans l’enluminure médiévale

 Le manuscrit des Cantigas de Santa Maria – XIIIème siècle (Espagne)

Lien vers un site permettant de télécharger les images du manuscrit :

http://www.apemutam.org/instrumentsmedievaux/galerie/gamcsm/galcsm1.html

Connaissances d’appui pour l’enseignant :

Le manuscrit des Cantigas de Santa Maria réalisé entre 1250 et 1280, a été commandité par Alfonso El Sabio (le sage), roi de Castille, à une grande équipe d’artistes (savants, poètes, musiciens, lettristes, miniaturistes, traceurs de portées, et noteurs de musique). Le manuscrit contient des « cantigas » (chanson au sens de la chanson monophonique espagnole), interprétées et jouées lors de fêtes et parfois accompagnées de Danses.

Rappelant l’art des troubadours, les Cantigas de Santa Maria (430 poèmes) sont accompagnées dans le manuscrit, d’une riche iconographie et d’enluminures représentant de nombreux musiciens et instruments de musique. On trouve dans ces miniatures toutes les caractéristiques de l’enluminure médiévale. Ce manuscrit est à replacer dans le contexte du XIIIe siècle, époque à laquelle les manuscrits, objets précieux et convoités, sortent des monastères. Les cours royales qui veulent montrer leur magnificence et leur richesse commencent à s’y intéresser et à faire des commandes auprès de divers artistes.  La musique et la fête étaient très présentes dans la vie médiévale. On parle dans ce cas de musique profane, la musique sacrée étant dédié au cadre religieux.  On trouve de nombreuses représentations de la musique et de la fête dans l’iconographie médiévale, dans les miniatures et la peinture.

La miniature du prologue :

– Au centre, le roi tient le manuscrit

– A sa droite, dans la partie gauche de l’image, un groupe de courtisans

– A sa gauche, dans la partie droite, des copistes, (cf. probablement des moines au regard de leur tonsure). L’un d’entre eux tient un rouleau et une plume, l’autre un feuillet.

– A chaque extrémité, deux groupes de musiciens : A l’extrémité gauche de la miniature, des joueurs de vièles. A l’extrémité droite, des guitaristes.

L’impression de richesse et de générosité de la cour du roi est renforcée par le raffinement des costumes. La cape du roi est généreusement ornée de perles et de pierreries. Les personnages qui l’entourent sont vêtus de cottes et de surcots brodés, dont on peut percevoir la richesse des tissus. Les deux groupes assis portent des capes qui marquent leur noblesse, et les musiciens, des gilets courts richement brodés. Ils portent tous des chaussures caractéristiques appelées Pigache. Enfin, leur apparence au visage imberbe et portant longue chevelure est particulièrement à la mode de l’époque.

Les personnages sont posés dans un cadre architecturé : des arcs ogivaux de style gothique et de fines colonnettes séparent chaque groupe de personnages et renforcent l’impression de préciosité de l’ensemble.

Les personnages se détachent sur un fond plat à motifs travaillés. Certains éléments, tels que les pieds, dépassent du cadre et projettent l’image en avant. La représentation en perspective cavalière est absente (cf. le manuscrit tenu par le roi).

La représentation en frise et en feuilletage de tous les personnages de part et d’autre du roi valorise l’impression d’ordre et d’harmonie régnant à la cour.

On remarque pour les figures une isocéphalie, des visages et des corps sans expression et stéréotypés. La bichromie et l’alternance entre le rouge et le bleu rythme la composition. Le rouge est une couleur qui symbolise la puissance du roi.

Quelques éléments techniques :

– L’utilisation du parchemin comme support. On peut distinguer le codex, du rouleau utilisé auparavant et visible sur l’image.

– L’utilisation de pigments qui favorisent les couleurs vives.

– L’utilisation de la plume d’oie ou du stylet, qu’on peut apercevoir dans la main d’un des copistes.

LEXIQUE :

Miniature :

On parle de miniatures pour désigner les œuvres peintes qui ornaient les manuscrits enluminés.

Enluminure :

L’art de l’enluminure ou l’art de « mettre en lumière » s’illustre dans les manuscrits médiévaux. Les peintres enlumineurs utilisaient des pigments minéraux, végétaux et des feuilles d’or. Elles étaient avant le XIIIe siècle réalisées par les moines dans les monastères.

Cf. site: http://www.enluminures.culture.fr/documentation/enlumine/fr/

Manuscrit :

Au Moyen Âge, les livres étaient entièrement réalisés à la main. Chaque manuscrit était donc un objet unique. Les pages de ces manuscrits étaient réalisées en parchemin à partir de peaux d’animaux (veau, mouton, chèvre, cerf…) qu’on tannait, qu’on tendait sur des cadres et sur lesquelles on réalisait un lignage.

Isocéphalie :

Les personnages ont tous la tête au même niveau et sont représentés sur le même plan. Cette règle était appliquée pour les diverses représentations durant l’Antiquité.

Représentation en frise :

Les personnages sont représentés sur un même plan.

Cycle I 

Objectifs :

Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions 

– Décrire une image et exprimer son ressenti ou sa compréhension en utilisant un vocabulaire adapté.

Arts plastiques 

–  Réaliser des compositions plastiques planes, travail de la couleur, composition des formes

S’exercer au graphisme décoratif : Tout au long du cycle, les enfants rencontrent des graphismes décoratifs issus de traditions culturelles et d’époques variées. Ils constituent des répertoires d’images, de motifs divers où ils puisent pour apprendre à̀ reproduire, assembler, organiser à des fins créatives, mais aussi transformer et inventer dans des compositions.

  1. Temps d’échange autour de l’œuvre

– Expliquer aux élèves que cette peinture est l’illustration d’un livre de chansons au Moyen âge.

– Observer collectivement la miniature du prologue.
Après la première observation silencieuse, Interroger les élèves :

Que voit-on sur cette image ? Que raconte-t-elle ?

Qui sont les personnages ? Que fait chacun d’entre eux ? Comment sont-ils installés ?

Qui est le personnage le plus important ? Comment le voit-on ? Quelles sont les deux couleurs principales ? Quels motifs graphiques sont récurrents ?

2.    Activités plastiques

> Proposer comme support le décor architecturé sans les personnages (cf. Annexe 1: miniature du prologue). Avec des feutres ou des crayons de couleurs, composer par le dessin, une scène en frise qui « raconte une histoire », qui évoque la fête.

> Faire réaliser un dessin et proposer de l’encre pour le colorer. Réaliser un ou plusieurs cadres autour de la production. L’espace entre les cadres pourra être investi par la couleur, un graphisme, une frise.

> Investir tout l’espace libre en alignant les empreintes d’un petit objet dans de la gouache. (Remplir de gommettes ? de petits tampons ?)

> Avec parcimonie, (coton-tige ?) on pourra rehausser certains éléments de peinture dorée : angles, dessin, éléments de frise. Interrompre l’activité à temps.

Cycle II

Objectifs :

Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions 

S’approprier quelques œuvres de domaines et d’époques variés appartenant au patrimoine national et mondial.

Comparer et établir des liens entre des œuvres d’art appartenant à un même domaine d’expression plastique ou portant sur un même sujet, à propos des formes, de l’espace, de la lumière, de la couleur, des matières, des gestes, des supports, des outils.

Connaître diverses formes artistiques de représentation du monde : œuvres contemporaines et du passé,

Arts plastiques : Expérimenter, produire, créer

S’approprier par les sens les éléments du langage plastique : matière, support, couleur…

Représenter le monde environnant ou donner forme à son imaginaire en explorant la diversité́ des domaines : l’enluminure.

  1. Temps d’échange autour de l’œuvre (Idem cycle I)
  • Activités plastiques

> Sur un support de format choisi, créer un ou des cadres sur le pourtour. Au centre, réaliser un dessin, selon la consigne voulue (scène avec personnages).

Investir les espaces libres du centre avec un quadrillage au crayon gris (il peut être droit ou oblique : losanges). Après avoir étudié les couleurs – limitées – des enluminures, colorer son dessin avec de petits outils et colorer le fond graphique avec un algorithme, rehaussable d’un motif (gommette, empreinte, tracé…).

Cycle III

Objectifs :

Arts plastiques

 Observation et analyse d’œuvres ; comparaison d’œuvres différentes sur une même question ou dans d’autres arts ; découverte et observation dans l’environnement proche de réalisations mettant en évidence le rôle de la matérialité et de la couleur.

La narration visuelle : les compositions plastiques, en deux et en trois dimensions, à des fins de récit ou de témoignage, l’organisation des images fixes et animées pour raconter.

Histoire des Arts

Dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses principales caractéristiques techniques et formelles.

Relier des caractéristiques d’une œuvre d’art à des usages, ainsi qu’au contexte historique et culturel de sa création

Histoire : mémoriser des repères historiques liés au programme et savoir les mobiliser dans différents contextes.

Lecture : rendre compte de sa compréhension des textes : reformulations, propositions de titres de paragraphes, rappels du récit, représentations diverses (dessin, mise en scène avec marionnettes ou jeu théâtral, etc.).

  1. Analyse iconographique et plastique :

– de la miniature du prologue

L’enseignant dirige le regard, isole des éléments, questionne, pour amener les élèves à dégager les caractéristiques iconographiques (cf. connaissances d’appui)

– de quelques miniatures sélectionnées parmi celles des cantigas.

Dégager les constantes iconographiques.

– Montrer une autre enluminure médiévale représentant la fête : Par ex : les frères LIMBOURG, Les très riches heures du duc de Berry, mois de janvier. Comparer. ( La miniature des frères Limbourg est du XVe siècle et les règles de la représentation ont évolué)

2.    Activités plastiques :

> Proposer des cadres restreignant le dessin (cadre 10×10) et proposer d’y faire figurer des scènes avec danseurs ou musiciens.

Fournir des images de musiciens ou de danseurs actuels. (cf. Annexe 2)

Associer les images dans un livret de chant et en faire un recueil pour les élèves.

Prolongements :

– Montrer aux élèves des images documentaires des instruments représentés. (cf. site ci-dessus : http://www.apemutam.org/instrumentsmedievaux/galerie/gamcsm/galcsm1.html)

– Ecoute musicale ou visionnage vidéo des cantigas en musique 

http://www.apemutam.org/instrumentsmedievaux/galerie/gamcsm/galcsm1.html

Cette vidéo permet également de visualiser les instruments anciens.

– Étudier des architectures médiévales : cloitres, voutes, façade pour observer la structuration de l’espace. Retrouver des formes géométriques et comprendre leur agencement dans une façade, un tableau, un pavement, un tapis (Histoire des Arts)

Références culturelles : raconter une histoire au moyen-âge.

Annexes à télécharger :